Lors de cette conférence, Bertrand Vaillant et Frédéric Fruteau de Laclos nous exposent, d'une part les réflexions de Raymond Ruyer dont il est question dans l'ouvrage "L'amibe et la machine" et d'autre part les dessous de la collection Philosophie des Éditions de la Sorbonne.
Concernant l'ouvrage : « Le "je" de l'homme que je suis, centre d'activités sensées, peut-il s'isoler, se poser dans le vide, enfant trouvé métaphysique ? » Assurément non, pour le philosophe Raymond Ruyer (1902-1987) : la conscience humaine ne saurait être comprise que comme un cas particulier de l’activité commune à tous les vivants, voire à tout être véritable. Pour Ruyer, toutes les explications mécanistes de l’émergence de la conscience à partir d’une matière inerte ont échoué, il est donc temps de rompre tant avec le dualisme qu’avec le matérialisme mécaniste, pour repenser ensemble et radicalement la conscience, la vie et la matière. Au milieu du XXe siècle, il élabore ainsi une philosophie panpsychiste et finaliste qui fait de la conscience « l’étoffe même du monde ». S’appuyant sur une connaissance solide des sciences de son temps, de l’embryologie à la cybernétique, il s’efforce de montrer que cette version renouvelée du finalisme, inscrite dans la filiation de Leibniz, Schopenhauer, Bergson ou encore Whitehead, correspond bien mieux que le mécanisme à notre connaissance de la vie. Ce faisant, il développe une pensée originale, à l’audace métaphysique certaine, dont les intuitions donnent à voir ce que l’attention au vivant fait aux catégories classiques de la philosophie, et combien elle nous force à les refonder. Ce livre se penche sur les méthodes, les sources et les arguments de la théorie ruyérienne du vivant. Il s’efforce de mettre en évidence ses forces et ses faiblesses, voire ses dangers, quand elle prétend appliquer la « psycho-biologie » à des questions morales, sociales et politiques.
Concernant la collection : La collection Philosophie s'ouvre au foisonnement des productions, à la foule des croisements et des hybridations auxquels on assiste dans la philosophie telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui. Les travaux rassemblés dans cette collection entendent éviter de tomber dans le piège qui consiste à choisir entre la philosophie analytique et la philosophie continentale, notamment française : pratiquant l'une ou l’autre, ou les deux en même temps, faisant place aussi à des pensées inventées dans le reste du monde, ils s’ouvrent à tout ce qui est susceptible de se faire dans le champ philosophique, sans présumer a priori de ce que les philosophes peuvent produire à partir des objets contemporains, ni de l’effet que la contemporanéité peut en retour produire sur la philosophie.