Les expositions précédentes avaient pour titre :
Hervé Bacquet, « Sillonner le livre » et « Lézardes, fissures, biffures. Le dessin typophage »
La BIS en coulisse
Naissance d’une bibliothèque 1 : Jean-Gabriel Petit de Montempuys, le fondateur
(IN)ERRANCE
Lire les Métamorphoses d’Ovide
Victor Cousin et l’Italie
Des écrivains à la Bibliothèque de la Sorbonne
1792-1794 Peurs et enthousiasmes, de l’usage politique des émotions
Cartes postales en guerre (1914-1918)
Examens, grades et diplômes. La validation des compétences par les universités du XIIe siècle à nos jours
Il y a cinquante ans, un printemps pas comme les autres en Sorbonne...
Les affiches de mai 68 dans les collections de la BIS
A la conquête de la Sorbonne : Marie Curie et autres pionnières…
Courses philosophiques en Allemagne
Le Discours de la méthode a 380 ans…
Le mépris de la Cour. L’inspiration anti-aulique en France et en Espagne (XVIe-XVIIe siècles)
Entre fiction, rêve et histoire : promenade en utopies
D’encre et de papier
À l’assaut des moulins : éditions cervantines de la bibliothèque de la Sorbonne
Jean-Joseph Weerts, peintre de la Fête du Lendit
Il y a 800 ans naissait l’université de Paris...
Territoires de l’imaginaire
Le règne de Louis XIV, un moment de gloire de la gravure
Josse Bade, imprimeur humaniste
Le Japon et la mer : une cartographie asiatique
L’Université de Paris à l’heure de la Libération
Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre
Manuscrits médiévaux
Salle Romilly
Couloir Saint-Jacques
Dans le cadre de BIS_2020, 250e anniversaire de la BIS, exposition conçue et réalisée par Hervé Bacquet, artiste et Maître de conférences à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à partir de livres sortis du « pilon » de la BIS en dialogue avec des cartes de géographie du 16e siècle appartenant au fonds ancien de la BIS et des graffitis visibles au château de Chateaudun. De cette rencontre, naît ce qu’Hervé Bacquet nomme « le dessin typophage » qui est à la fois une technique et une méditation sur la pratique cartographique entre écriture et dessin :
« … d’abord j’avale des milliers de lettres avec mon stylo, je les défigure pour rendre le texte illisible, puis à partir de cet humus je réalise un dessin itératif, je vois la ligne revenir sur elle-même, elle se déploie, elle forme des trames et peu à peu des contours apparaissent.
Sillonner le livre
Couloir Saint-Jacques
Au sujet de 12 dessins à l’encre sur des livres (pilon de la BIS)
D’après des graffitis visibles au château de Chateaudun.
Encre noire sur papier imprimé.
"J’ai choisi d’observer simultanément des pages de livre et des graffitis du château de Chateaudun comme des éléments en présence, en tant que traces qui se perdent dans les veines de la pierre et du temps. Des noms oubliés mais vivants, des gestes inconnus mais que l’esprit peut deviner.
Ressentir le livre sans chercher à le lire, voir un geste ou une architecture dans chaque caractère d’imprimerie, imaginer le regard d’un prisonnier qui trace une lettre avec élégance dans la pénombre sans autre projet que de trouver une voie.
Sillonner sans fin des pages et des pages, il n’y a aucun sens à faire cela mais c’est impératif et itératif.
Salle Romilly
« Je m’appuie sur l’observation des cartes anciennes pour faire d’un magma graphique une superposition d’images fugaces, j’observe toutes les écritures qui s’immiscent entre les rivières, entre les montagnes, elles sont tantôt domestiquées, tantôt épanchées, leurs volutes rappellent les traces des patineurs sur les canaux gelés, elles voudraient tournoyer encore un peu mais le métier de cartographe reprend le dessus, finalement elles s’alignent.
« Je vois la courbe d’un A comme un fouet qui claque quelque part au-dessus de nos têtes, nous sommes dans le paysage de l’écriture, dans le plaisir non dissimulé à danser dans l’espace de la feuille légèrement gaufrée. Quand j’effeuille ces cartes reliées, le papier sonne comme les voiles d’un navire qui navigue auprès.
« Mes dessins ne représentent pas des territoires, ils sont une façon de passer au travers, de les revivre par le trait en tant qu’exploration. Je ne remonte pas le fil de l’histoire, je m’approprie ces cartes en tant que dessins au sens contemporain du terme, pour la complexité des espaces et des figures, entre topologie, représentations allégoriques et outil pour la navigation. La pointe des graveurs laisse apparaître de subtiles gestes calligraphiques dont je tente de retrouver la dimension motrice. Je ne conçois pas le dessin comme une notion formelle mais comme une manière de se lancer sur la page et de modifier l’échelle de mes perceptions. »
Couloir Saint-Jacques
À l’occasion des 250 ans de son ouverture au public, la BIS souhaite faire découvrir les métiers et la vie de la bibliothèque à ses publics. Elle a ainsi mis en place des partenariats pédagogiques avec des écoles de design graphique pour réaliser des contenus audiovisuels ludiques qui éclairent les coulisses de la BIS.
Un film d’animation sur la mission des magasiniers et magasinières, qui satisfont quotidiennement les demandes de communication de documents de nos lecteur·e·s, a été produit par les étudiant·e·s en quatrième année de cinéma d’animation de Creapole.
Une exposition sur le processus créatif de l’animation proposée dans le couloir Saint-Jacques de la bibliothèque jusqu’au 18 décembre vous plongera dans l’univers fabuleux de la création animée comme le storyboard, la recherche du design des personnages et la modélisation des décors.
Espace d’exposition
Une « histoire illustrée » de la Bibliothèque de la Sorbonne, dont les illustrations sont des livres, des manuscrits, des estampes et des imprimés anciens. Cette exposition inaugurale d’une série consacrée à l’histoire de la Bibliothèque remonte aux origines, à Jean-Gabriel Petit de Montempuys (16..-1763), janséniste notoire et ancien Recteur de l’Université de Paris, qui effectua un legs fondateur lorsqu’il céda en 1762 à l’Université les 5 000 volumes de sa bibliothèque personnelle. L’exposition retrace la carrière de Montempuys, ses œuvres publiées et inédites et éclaire une personnalité originale comme en témoigne le scandale déclenché par son travestissement en 1726.
Exposition et installations dans tous les espaces de la bibliothèque
Œuvres des artistes chercheurs de la promotion Greta Thunberg du Master in Arts and Vision (MAVI) en arts plastiques, de l’Ecole des Arts de la Sorbonne (Master 2 International de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) sous la direction artistique de Yann Toma, dans le cadre de l’Année des Bibliothèques et de BIS_2020, 250e anniversaire de la BIS
Les jeunes artistes réunis dans (IN)ERRANCE 1 présentent des photographies, dessins, vidéos et installations, quatorze propositions conçues spécialement pour les espaces de la BIS. Résolument inscrites dans une réflexion sur le monde, ces œuvres issues d’un désir collectif de traverser les espaces visibles, nous invitent à voir derrière la surface du corps, à entendre une musique sans son, à défaire et refaire la réalité, en participant à la création de poésie locale, en partageant des rêves et des lignes de temps. Entre flânerie artistique et prise de conscience politique, ce rendez-vous inattendu avec l’art contemporain annonce une série de rencontres pleine de surprises. En mettant en œuvre leurs réflexions politiques sur eux-mêmes, les jeunes artistes rencontrent la dimension d’un questionnement sur soi qui est le cœur même du programme BIS_2020. Mais il faut espérer aussi que cette jeune génération engagée saura bousculer la vieille institution.
Commissaire de l’exposition Yann Toma
13 septembre - 31 octobre
Les Métamorphoses d’Ovide forment un étonnant poème : une histoire mythologique universelle, de la création du monde jusqu’à la naissance du poète (en 43 av. J.-C.). Elles content au passage quelque deux cent cinquante histoires de métamorphoses légendaires, de dieux amoureux changés en animaux insolites, de nymphes ou de jeunes gens devenus arbres et fleurs, d’artistes punis pour leur impiété et leur talent, qui n’ont cessé d’inspirer les écrivains et les artistes de toute époque.
Ce sont de petits éclats de cette immense réception – tout récemment marquée par la traduction de Marie Cosnay (publiée aux Éditions de l’Ogre en 2017), écrivaine invitée l’année dernière à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne – que l’exposition « Lire les Métamorphoses d’Ovide » cherche à faire entrevoir. Pour cela, la BIS présente une exposition d’ouvrages de sa Réserve et de son fonds général autour de cette œuvre majeure. Elle offre à voir des versions du texte, qui remontent pour les plus anciennes au XVe siècle, avec une iconographie parfois surprenante ou amusante, ainsi que des ouvrages inspirés par cette œuvre, qui a fait l’objet d’une ample réception jusqu’à l’époque contemporaine.
Trois vitrines composent l’exposition.
La grande vitrine, Texte et image , met en valeur, d’une part, un manuscrit du XVe siècle (MS 1595), et présente, d’autre part, différents livres illustrés des Métamorphoses. Elle n’obéit pas à un axe chronologique, mais met en évidence le rôle des images et de la vue dans la transmission ovidienne.
La première table, Ovide enseigné , suit davantage un axe chronologique et montre la stabilité d’une méthode de commentaire établie à la Renaissance et centrée sur le texte et ses sources, latines et grecques.
La seconde table, Réécritures, traductions, adaptations , pouvait, bien sûr, être infinie. Un choix a dû être effectué : y figurent des adaptations qui ont fait date, d’autres moins connues qui réécrivent Ovide en le moquant légèrement et réactualisent ainsi une veine tout ovidienne, ainsi que des ouvrages contemporains, dont certains interrogent la très actuelle question des violences faites aux femmes. S’y font entendre les diverses langues qui composent la mémoire du poète de Sulmone.
Commissariat scientifique :
Coordination : Sébastien Dalmon
4 juillet - 19 septembre
Une exposition entièrement dédiée à des créations étudiantes ? C’est ce que propose ici L’Éclectique, une revue créée au sein de Sorbonne Université, qui se consacre à la mise en avant de travaux étudiants à travers une revue publiée semestriellement. Cette exposition vous propose ainsi de parcourir une sélection de créations publiées dans les pages de ses derniers numéros, qui se caractérisent par un goût certain pour l’expérimentation et l’éclectisme artistique.
Ainsi, d’une bande dessinée loufoque à des expérimentations photographiques diverses, en passant par des poèmes et des extraits de nouvelles de tous styles, cette exposition tente d’approcher et d’éclairer la formidable variété créative des étudiants... Les créations présentées sont à retrouver dans leur intégralité dans le deuxième et troisième numéro de L’Éclectique.
L’Éclectique est une revue qui permet à des étudiants de tous cursus de publier leurs créations littéraires et graphiques. Se voulant être un lieu d’expérimentation, ses pages s’ouvrent à toute forme artistique pouvant avoir le papier comme médium : nouvelles, poèmes, BD, gravures, photographies, illustrations, etc. Les créations sélectionnées par un comité de lecture sont publiées chaque semestre dans une revue imprimée en risographie — une technique d’impression au rendu reconnaissable qui fait le charme de la revue. Tous les genres littéraires et graphiques se mélangent avec éclectisme dans cet espace d’expression ouvert à tous les étudiants et leur créativité.
À l’image de la revue, il s’agit dans cette exposition d’allier quelques créations graphiques (7 panneaux) présentes dans le deuxième et dans le troisième numéro de la revue, avec certaines créations littéraires (9 panneaux), elles aussi tirées du deuxième et troisième numéro. Cette présentation compte 20 panneaux, dont 16 au format A3 et 5 au format A2 ; ces 4 derniers panneaux se présentent comme des présentations de l’exposition et de la revue ; le premier est une introduction générale à l’exposition, tandis que les 3 autres présentent la revue et l’association à travers les adjectifs qui constituent son slogan (revue étudiante / littéraire / graphique).
7 novembre - 21 décembre
Cette exposition s’intéresse à Sir Kenelm Digby, passeur d’idées et penseur syncrétique, dont la BIS possède une partie de la bibliothèque parisienne.
Au sein du réseau de la République des Lettres européenne et dans le sillage des révolutions intellectuelles qui marquent l’époque moderne, Sir Kenelm Digby, converti au catholicisme, occupe une place de choix qui lui permet d’offrir une synthèse originale des idées de son temps. À Londres comme à Paris où il est exilé pendant plus de vingt ans, mais aussi au fil de ses voyages, il échange sans relâche livres et idées et correspond avec les savants de son époque comme Mersenne, Descartes, Fermat et Hobbes.
Passionné d’alchimie, il écrit un traité remarqué sur la « poudre de sympathie ». Par ses intérêts variés pour les idées de Paracelse, l’atomisme et le cartésianisme, mais aussi par sa spiritualité tourmentée, Digby explore avec ferveur le monde matériel et spirituel et tente de rendre compte, du fonctionnement du monde et de l’homme, dans une époque tourmentée.
Commissariat scientifique : Line Cottegnies.
Coordination : Isabelle Diry, Ladan Taheri.
14 juin - 26 juillet
L’exposition accompagne une journée d’études dont le but est d’entamer une réflexion sur la pratique de l’histoire de la philosophie au sein de l’institution académique française à l’époque de Victor Cousin. En particulier, la journée centrera l’attention sur les reconstructions historiographiques de la pensée de la Renaissance, selon trois perspectives de travail : (1) un questionnement des implications idéologiques de la discussion sur le statut de la Renaissance comme « époque philosophique », dans la quête d’autonomie disciplinaire de l’historiographie de la Renaissance face à la concurrence du médiévisme philosophique et du « modernisme cartésien » ; (2) un examen des usages et des appropriations symboliques de certains philosophes ou de certaines doctrines de la Renaissance dans les débats culturels et politiques du XIXe siècle ; (3) une analyse des différents positionnements face à la Renaissance chez les représentants de l’école cousinienne, en tenant compte aussi de leur réception critique.
L’apparition de l’enseignement de l’histoire de la philosophie de la Renaissance dans un cadre institutionnel est un épisode à première vue périphérique dans le contexte universitaire français du XIXe siècle. Elle se produit loin du centre parisien du savoir, à Strasbourg (1841-1842), à l’initiative d’un émigré italien, Giuseppe Ferrari, qui exprimait là une position tout à fait marginale dans le scénario intellectuel alors dominé par le cousinisme. En effet, les cours de Victor Cousin à la Sorbonne ne reconnaissaient à la Renaissance ni consistance philosophique, ni spécificité de contenu, et présentaient la pensée des XVe et XVIe siècles comme une phase de transition confuse entre la scolastique et Descartes. Toutefois, les leçons de Ferrari sur la philosophie de la Renaissance – qui furent d’ailleurs suspendues sous le chef d’accusation d’athéisme – s’inscrivaient dans un mouvement de redécouverte savante pour lequel l’enseignement de Jules Michelet au Collège de France pouvait représenter un ancrage académique. La Renaissance pourrait alors devenir un objet historiographique dissident, à l’égard du pouvoir intellectuel et politique du libéralisme de l’école cousinienne, ainsi que des courants catholiques. On se demandera dans quelle mesure cette genèse a contribué à définir le cadre conceptuel et polémique des reconstructions ou des « refoulements » historiographiques de la culture philosophique de la Renaissance sur la longue durée.
Les pièces présentées sont issues du fonds Victor-Cousin conservé à la BIS, constitué par sa bibliothèque et ses papiers légués à l’Université de Paris en 1863. L’exposition vise à recomposer la constellation de sources philosophiques et historiographiques sur laquelle repose le discours érudit sur la Renaissance à l’époque de Victor Cousin, et en même temps à reproduire les réseaux intellectuels et institutionnels, dans lesquels ce discours était développé. Elle donne à voir quatre types de documents : lettres de la correspondance privée de Cousin et ses papiers de travail (notes, extraits préparatoires), livres rares et anciens d’auteurs de la Renaissance italienne ainsi que des éditions contemporaines de Cousin, enfin études d’historiographie de la Renaissance publiées en France au XIXe siècle (dont les biographies de ces auteurs).
Mario Meliadò
Universität Siegen
Philosophische Fakultät
11 avril – 6 juin 19
Une invitation à lire et relire Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne, le livre issu de la participation de Pierre Bergounioux, Marianne Alphant, Arlette Farge et Eugène Durif au cycle Le livre en question. L’exposition permet de montrer (s’il existe) le « livre en question », ce livre de la BIS sur lequel chacun des auteurs a choisi d’écrire son texte. Dans les vitrines, livres rares, photos, manuscrits ou numérisations semblent répondre aux phrases de ces quatre auteurs, et relancer la question, vaste question, de savoir ce que c’est qu’une bibliothèque.
Commissariat : Ismaël Jude-Fercak & Clémence Rolland
Avec l’aide de l’atelier de restauration de la BIS
Exposition en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (Mel), les Editions de la Sorbonne et le festival Quartier du livre.
Des visites sont organisées les jeudis matins sur inscription.
Retrouvez également l’exposition dans un parcours virtuel.
En lien avec ces deux expositions, trois conférences sont organisées :
Jean-Clément Martin – 14 février 2019 de 18h à 20h : Comment parler de la "Terreur" ?
Annie Duprat – 19 mars 2019 de 18h à 20h : Mieux vaut une injustice qu’un désordre ? Du massacre du boulanger François en 1789 aux massacres de septembre 1792
Noémie Giard – 28 mars 2019 de 18h à 20h : La Révolution en œuvres : quelle médiation pour les collections révolutionnaires du musée Carnavalet – Histoire de Paris ?
La Terreur. Dans le monde entier, ce simple mot convoque encore un imaginaire chargé de fantasmes, encombrés de la guillotine, de la figure de Robespierre et de sans-culottes avides de sang. Or parfois, les mots empêchent de penser l’histoire. Qu’y-a-t-il donc derrière la « Terreur » ? Pourquoi cette émotion, ressurgissant aujourd’hui dans le discours du « terrorisme », s’est-elle imposée pour qualifier une période de l’histoire de France ? Entre 1793 et 1794, les émotions collectives devinrent de puissantes armes politiques. Si les peurs justifiaient la répression, les joies pouvaient, au contraire, nourrir les luttes et les rêves. Au fil de deux parcours parallèles, est proposée une réflexion sur le rôle des émotions dans cette période de guerre civile.
Intitulés « Gouverner avec la peur », une première série de panneaux, exposés dans le couloir Saint-Jacques, ont été réalisés en 2017 par des étudiants de Licence 3 d’histoire. Élaborés à partir d’images venant de la collection du musée Carnavalet-Histoire de Paris, ils montrent que la Révolution rappelle non seulement d’anciennes peurs, mais en fait apparaître d’autres, justifiant en particulier la dérive autoritaire de la Première République en 1793. Ces panneaux expliquent aussi comment le mythe de la « Terreur » est inventé au printemps 1794 pour sortir de la crise et instaurer un régime plus conservateur, témoignant ainsi de la capacité du mot à brouiller l’histoire, se mettant ainsi au service du « retour à l’ordre ».
Intitulé « Peurs et enthousiasmes », un second parcours, présenté dans les vitrines de l’espace d’exposition, questionne ce lien entre émotions et gouvernement révolutionnaire en mettant en valeur les riches collections de la BIS ainsi que celles de la bibliothèque de l’ancien Institut d’histoire de la Révolution française. À travers une affiche, plusieurs estampes, mais aussi des extraits des délibérations des sections de Paris et d’un journal d’émigré, ou, enfin, un calendrier républicain, l’exposition propose une plongée dans les émotions collectives entre 1792 et 1794. Leurs usages politiques sont multiples. Les autorités utilisent les peurs pour galvaniser les révolutionnaires ou semer l’effroi parmi leurs ennemis. Les sans-culottes y voient quant à eux une manière d’entretenir le courage et l’énergie dont ils ont besoin pour défendre la République. Depuis l’étranger, les émigrés contre-révolutionnaires sont, quant à eux, imprégnés de la terreur de la Révolution. Ces peurs sont donc devenues si cruciales qu’à l’été 1794, lorsque les Républicains conservateurs éliminent Robespierre et ses proches, ils se justifient en saturant la parole politique du mot « Terreur », appelant à un nouvel ordre politique, social, mais aussi émotif : ce sera le Directoire.
Commissariat : Jeanne-Laure Le Quang, Guillaume Mazeau, Cécile Obligi
Accès : Sur inscription à l’adresse communication@bis-sorbonne.fr pour les visiteurs extérieurs.
Cent ans après la signature de l’armistice de 1918 et alors que les commémorations du centenaire touchent à leur fin, la BIS expose un fonds exceptionnel de cartes postales de la Première Guerre mondiale. Issu de la collection Parent de Curzon, ce fonds fait l’objet d’un projet de recherche et de valorisation porté par l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le Centre d’histoire du XIXe siècle, l’IDHES et la BIS. La Bibliothèque se propose ainsi de présenter à ses lecteurs un échantillon des quelques 1200 cartes qu’elle a acquises en 2017.
Omniprésentes pendant la Grande guerre, les cartes postales constituent un véritable enjeu de société et s’imposent comme un médium de premier plan. L’envoi de dizaines de milliers de cartes postales par des millions de soldats et de civils occasionne de nouvelles pratiques. Du simple moyen de communication au front comme à l’arrière, elles deviennent même un objet de collection qui va jusqu’à rivaliser avec le timbre, en particulier chez les jeunes filles. Cet apogée de la carte postale va de pair avec le succès de la satire, considérée comme un outil de propagande efficace et transversal dont l’usage en temps de guerre explose. Les cartes ne sont d’ailleurs touchées que tardivement par la censure, à partir de 1915.
Les thèmes des illustrations patriotiques et satiriques sont souvent issus d’un imaginaire de guerre qui réemploie sans cesse les mêmes motifs pour susciter le rire ou l’adhésion : l’ennemi est grossièrement caricaturé en monstre, en animal, en pleutre ; les poilus et les alliés sont héroïsés et les combats idéalisés. Des artistes célèbres comme Abel Faivre, Francisque Poulbot, Tel, Hansi, Scott ou encore Lucien Laforge sont sollicités par les éditeurs. Des amateurs s’adonnent également à la confection de cartes postales et entretiennent par leur biais des correspondances soutenues.
Malgré le format standardisé de la carte postale (environ 9x14cm), les procédés de création sont très divers : chromolithographies, gravures fines, montages photographiques, cartes à systèmes physiques ou optiques, coloriages au pochoir, trucages chimiques, gravures sur bois, sur cuir ou sur métal, cartes brodées en soie ou en dentelle, aquarelles… Ces procédés demeurent toutefois mal documentés, et l’on connaît mieux les illustrations.
En questionnant la place des cartes postales dans la « culture de guerre », cette exposition s’intéresse aux représentations du conflit dans les illustrations et les caricatures, mais aussi aux pratiques épistolaires et cartophiles, qui occupent une place primordiale pendant le premier conflit mondial.
Commissariat scientifique : Bertrand Tillier, IDHES, professeur d’histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Partenaires institutionnels : Laboratoire IDHES et CRH XIX
Cette exposition a été présentée à l’occasion du colloque international organisé les 6-8 sept. 2018 en Sorbonne.
Elle illustre l’histoire de la certification universitaire du Moyen Âge à nos jours. Elle se fonde sur une sélection de documents, extraits des collections patrimoniales de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, qui conserve une partie des archives de l’ancienne université de Paris et a reçu en legs, depuis le XIXe siècle, les papiers de nombreux professeurs.
Les pièces exposées montrent principalement trois aspects de la validation des compétences par les universités : l’épreuve de l’examen, le travail du jury et la certification elle-même, à travers la thèse et le diplôme.
Pour Émile Durkheim, la délivrance des grades distinguait fondamentalement l’université médiévale des institutions d’enseignement occidentales qui l’avaient précédée. Dès le Moyen Âge, la validation des compétences par les universités prenait en effet la forme d’examens réglementés, débouchant sur des diplômes dont la valeur était reconnue par les pouvoirs publics. Ce contrôle juridiquement certifié des compétences, transcendant le rapport personnel de maître à élève, fait donc de l’université l’un des premiers systèmes d’enseignement institutionnalisés, selon l’expression de Pierre Bourdieu.
La sociologie et l’histoire de l’éducation se sont intéressées de longue date au fonctionnement de cette certification universitaire. Les examens, grades et diplômes ont ainsi été étudiés comme des institutions sociales, instruments de sélection, de classement et d’acculturation, qui contribuaient, suivant les auteurs, à la mobilité sociale ou, au contraire, à la reproduction des élites. Mais, si le grade est devenu un objet d’histoire, de la maîtrise ès arts médiévale au baccalauréat contemporain, rares sont les recherches qui ont envisagé la validation des compétences par les universités dans une perspective transpériodique et systémique.
Commissariat scientifique
Thierry Kouamé (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Réalisation technique
Département des Manuscrits et des livres anciens de la Bibliothèque de la Sorbonne
Cette exposition s’inscrit dans le cadre du colloque international organisé à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, du 6 au 8 septembre 2018, par le Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (UMR 8589) et l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (UMR 8066), avec le soutien du LabEx Hastec, du laboratoire Triangle (UMR 5206), du LARHRA (UMR 5190) et du Centre de recherche sur la formation (EA 1410).
Deux expositions ont été présentées du 3 mai au 27 juin 2018 à la BIS dans le cadre du programme culturel de la bibliothèque "Mai 68 : un printemps pas comme les autres" :
Il y a cinquante ans, un printemps pas comme les autres en Sorbonne....
Exposition dans le hall du 1er étage
Les affiches de mai 68 dans les collections de la BIS.
Exposition dans le couloir Saint-Jacques
Mai 1968. Étudiants dans la cour de la Sorbonne
À l’heure où l’héritage de Mai 68 est plus que jamais questionné, la BIS présentera une sélection de documents issus du fonds Mai 68 qu’elle a patiemment enrichie au cours des dernières années : témoignages de la vivacité créatrice qui, au diapason des événements, s’empara des étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts ou d’artistes en sympathie avec le mouvement, plusieurs dizaines de reproductions d’affiches - dont les originaux sont conservés dans les collections patrimoniales de la bibliothèque - couvriront les murs du couloir longeant les salles d’histoire ; des tirages photographiques d’époque, exposés dans les vitrines du premier étage, illustreront quant à eux le déroulé des événements dans la Sorbonne et ses abords immédiats.
Photo ©Sylvain Boyer pour la BIS
Photo ©Sylvain Boyer pour la BIS
Photo ©Sylvain Boyer pour la BIS
Dans le prolongement du programme culturel de la bibliothèque "Mai 68 : un printemps pas comme les autres", une exposition d’affiches continue à la bibliothèque dans le couloir Saint-Jacques.
Plusieurs dizaines de reproductions d’affiches - dont les originaux sont conservés dans les collections patrimoniales de la bibliothèque - couvrent les murs du couloir longeant les salles d’histoire.
Photos ©Sylvain Boyer/BIS
Le parcours exceptionnel de Marie Curie, récemment célébrée à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance, s’inscrit dans le temps long d’un lent mouvement de féminisation de l’université française. Jusqu’au début des années 1860, celle-ci demeure en effet un espace quasi exclusivement masculin. La Sorbonne n’est pas à l’avant-garde : Julie-Victoire Daubié, première Française à obtenir son baccalauréat, est reçue bachelière à la Faculté des lettres de Lyon en 1861, après que la Sorbonne lui a refusé l’autorisation de se présenter à l’examen. En 1866, elle s’insurge ainsi : “Déjà nos facultés de province accueillent les femmes à l’audition de leurs cours qu’elles suivent avec assiduité… Devant cette situation, elles ne doivent pas laisser périmer plus longtemps leur droit d’entrée à la Sorbonne, car il serait d’une anomalie inexplicable que la première faculté de France repoussât seule les femmes”.
Concentrant la plus importante population étudiante à l’échelle nationale, l’université de Paris prend enfin part au mouvement, et voit entre la fin du 19e siècle et la veille de la Seconde guerre mondiale, la part des étudiantes passer de 3 à 28% du total de ses effectifs étudiants.
L’exposition inaugurée à la BIS, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, se propose de retracer les principales étapes de cette évolution tout en évoquant le parcours de quelques figures pionnières.
Jean-François Kervégan, professeur de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Luc Courtaux, responsable des collections en philosophie de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (DDC), ont assuré le commissariat scientifique de cette exposition, conçue en articulation avec le colloque « Logiques de Hegel : bicentenaire de l’Encyclopédie des sciences philosophiques et de la Science de la Logique », programmé les 8 et 9 décembre 2017, en Sorbonne. Elle s’est attachée, à travers une sélection de 27 documents, à illustrer la réception naissante de Hegel en France. Une visite de l’exposition par les participants au colloque a été organisée le 8 décembre 2017.
Cette exposition, réalisée en collaboration avec Denis Kambouchner, professeur d’histoire de la philosophie moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste de Descartes, a été inaugurée à l’occasion de la journée d’hommage à Jean-Marc Beyssade organisée par le Centre d’études cartésiennes (Université Paris-Sorbonne Paris-IV), le Séminaire Descartes (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), et l’École normale supérieure. L’exposition a reposé sur une sélection de 20 documents, élaborée autour de l’édition originale de 1637, dont la bibliothèque conserve plusieurs exemplaires aux particularités remarquables.
Achevé d’imprimer le 8 juin 1637, le Discours de la méthode, suivi des trois Essais de cette méthode (La Dioptrique, Les Météores et La Géométrie) constitue la première publication de Descartes, et le premier de ses quatre grands livres. Suivront les Meditationes de Prima Philosophia (1641-1642, trad. fr. 1647), les Principia Philosophiæ (1644, trad. fr. 1647) et enfin Les Passions de l’âme (1649).
L’ouvrage paraît à Leyde, chez Jan Maire. Descartes, retiré aux Pays-Bas depuis plus de huit ans, en a surveillé de près l’impression. Déjà célèbre dans l’Europe savante, notamment grâce au réseau de correspondance où le père Mersenne, à Paris, joue un rôle clé, il a pourtant préféré conserver un anonymat de façade. Il a alors 41 ans : le Discours et les Essais sont donc des œuvres de pleine maturité. Mais Descartes est, selon ses propres déclarations, un homme qui sait attendre. Dix-huit ans se sont écoulés depuis ses premiers travaux en mathématiques et en physique, et depuis ses premières réflexions (novembre 1619) sur la nouvelle philosophie à construire. Quatre ans aussi, depuis que l’annonce de la condamnation de Galilée (22 juin 1633) est venue le dissuader de publier sa propre physique telle qu’exposée dans son Monde ou Traité de la Lumière (1632-1633, publié seulement en 1664). L’exposé général de la physique attendra 1644 avec les Principia Philosophiæ ; et celui de la métaphysique ne sera prêt qu’en 1640-1641.
Dans ces conditions, et si le moment était venu de publier, que faire ? La décision de Descartes a été de livrer au public des échantillons de sa science et de sa philosophie (Specimina philosophiæ : c’est le titre de l’édition latine de 1644) qui sont autant de démonstrations de la puissance de son esprit et de sa méthode. D’où l’extraordinaire diversité des matières de cet ouvrage sans pareil, qui fut d’ailleurs très long à composer : une préface en forme d’autobiographie intellectuelle - le fameux Discours, indûment autonomisé par les éditeurs modernes – y précède trois remarquables traités relevant de sciences différentes (optique, météorologie, mathématique pure), et contient lui-même divers développements sur la méthode, la morale, la métaphysique et la physique.
Le livre, rédigé en français pour toucher un plus large public, y compris féminin, n’aura pas le succès escompté : pas une réédition avant celle, posthume, de 1657. Une traduction latine laissant de côté la très difficile Géométrie paraîtra en 1644 et sera jointe au texte latin des Principes de la Philosophie. Mais peu importe : auprès de ses premiers lecteurs, l’ouvrage a fait grande impression. Il ouvrait la voie à des œuvres plus systématiques, et reste prodigieux à tous égards – par l’inventivité, la subtilité, la force du raisonnement, le style même - jusque dans ses parties les moins fréquentées.
Texte de Denis Kambouchner, Professeur de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, publié ici avec son aimable autorisation.
Exposition présentée à l’occasion de la journée d’hommage à Jean-Marie Beyssade organisée le 7 juin 2017 par le Centre d’Études Cartésiennes (Université Paris-Sorbonne) et le Séminaire Descartes (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne École Normale Supérieure). Réalisation technique : le Département des Manuscrits et des Livres Anciens de la Bibliothèque de la Sorbonne et son atelier de restauration.
Conçue dans la perspective du colloque international éponyme organisé par Nathalie Peyrebonne (Sorbonne nouvelle, LECEMO), Alexandre Tarrête (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, Centre V.L. Saulnier / CELLF) et Marie-Claire Thomine (Université Lille 3, ALITHILA), cette exposition a été l’occasion de présenter 28 ouvrages de la réserve de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, témoignant de la vivacité de ce thème littéraire, dans le sillage de l’ouvrage d’Antonio de Guevara : Le mespris de la cour et l’éloge de la vie rustique (1539). Une visite de l’exposition par les participants au colloque a été organisée le 24 mars 2017.
La publication de l’ouvrage d’Antonio de Guevara, "Le mespris de la cour et l’éloge de la vie rustique" (Libro LLamado Menosprecio de corte y alabanza de aldea, 1539) puis sa traduction en France (par Antoine Alaigre, en 1542) a cristallisé un thème déjà très vivant dans la littérature antique puis médiévale, celui de la satire du milieu urbain et plus spécifiquement des sphères du pouvoir et de la cour, conjuguée à l’éloge d’une vie simple, « médiocre » et rustique. Ce débat traverse toute l’Europe de la Renaissance, comme en témoigne le succès de l’ouvrage de Guevara, qui connaît de nombreuses éditions et traductions.
Confrontés à l’émergence de la société de cour, telle que Norbert Élias l’a analysée, les écrivains européens des XVIe et XVIIe siècles hésitent entre fascination et dénonciation. La poésie, les narrations, le théâtre dépeignent à la fois les attraits et les dangers de la vie curiale. Face aux traités qui enseignent comment réussir dans le monde, de Castiglione à Gracian, fleurit une littérature du refus ou de la satire, qui vilipende les valeurs de la cour et fait l’éloge de la retraite ou appelle à la révolte. Bien des œuvres – à commencer par celle de Guevara, auteur tout à la fois du Réveille-matin du courtisan et du Mépris de la Cour, deux volets successifs et complémentaires d’une réflexion sur la vie à la cour - sont traversées par ces deux postulations contradictoires, hésitant entre la recherche d’une morale adaptée aux contraintes sociales et la tentation de la fuite loin des cours corrompues et corruptrices.
Les ouvrages ici présentés illustrent ces débats (pour et contre la cour) dans leur circulation européenne : Allemagne, et surtout Espagne, France, Italie, les trois aires géographiques sur lesquelles le colloque a choisi de se concentrer.
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Cette exposition commémorant la première parution de l’Utopia de Thomas More (novembre 1516) a donné lieu à la présentation de 40 documents replaçant l’œuvre dans son contexte de création et illustrant sa postérité, en tant que genre littéraire comme sur le terrain de l’histoire des idées.
Présentation sous la forme d’un reportage photographique (8 visuels) d’une intervention réalisée par l’atelier de restauration sur le manuscrit MSAU 102 selon un protocole développé en partenariat avec le CRCC-CNRS (Centre de Recherche sur la Conservation des Collections). Ce protocole permet la mise à plat de documents manuscrits sur papier à l’encre métallo-gallique sans apport d’eau mais en utilisant des humidités relative élevées générées par des solutions salines saturées en enceinte hermétique.
Exposition célébrant le 400e anniversaire de la naissance de Miguel de Cervantes Saavedra (1547-1616).
Les collections de la bibliothèque, au sein desquelles 56 documents ont été sélectionnés à cette occasion, constituent le fidèle reflet d’une œuvre variée - ne se résumant pas au Don Quichotte qui vaut à l’écrivain sa renommée universelle - et permettent d’illustrer l’histoire de la réception de celle-ci en France, de la fin du XVIe au XIXe siècles.
La Bibliothèque de la Sorbonne a pu acquérir, il y a quelques années, seize esquisses préparatoires de la Fête du Lendit, témoignant des talents de dessinateur de leur auteur Jean-Joseph Weerts (1846-1927). La présentation de treize d’entre elles est l’occasion de replacer cette œuvre dans l’immense chantier que constitua, au tournant du XXe siècle, la reconstruction de la Sorbonne tout en évoquant la longue carrière de Jean-Joseph Weerts qui, avant d’être éclipsé par la postérité de ses contemporains impressionnistes, fut en son temps un peintre réputé et honoré.
Combien, parmi les milliers d’étudiants qui fréquentent chaque année la Sorbonne, se sont attardés devant les peintures décorant la partie extérieure de la galerie Sorbon ? Combien se sont arrêtés pour contempler cette Fête du Lendit qui en orne les murs, à l’image de l’étudiante Françoise Maieul, personnage des Hommes de bonne volonté de Jules Romains, qui se laisse aller à l’observer à chaque rendez-vous donné sous les arcades de la cour d’honneur ? Combien d’autres sont passés sans la voir, en dépit de ses couleurs et de ses dimensions imposantes, fondue qu’elle était dans le cadre familier de leurs chères études ? Qui, parmi eux, se souvient du nom de celui qui en fut le créateur : Jean-Joseph Weerts (1846-1927) ?
La Fête du Lendit illustre un épisode fameux de la vie universitaire parisienne au Moyen-Age, lié à la foire dionysienne du Lendit (du latin Indictum, désignant un lieu d’assemblée), qui demeura longtemps un des grands rendez-vous du commerce occidental. Elle se tenait chaque année du 11 juin, jour de la Saint Barnabé, au 24 juin, jour de la Saint Jean, dans la plaine Saint-Denis, le long de la route menant à Paris. On y vendait notamment le parchemin utilisé par la communauté universitaire. Le 12 juin, toutes les écoles parisiennes avaient congé et les représentants de l’institution universitaire - recteur, doyens des facultés, procureurs des nations, suppôts... -, suivis de la foule des étudiants, cheminaient en procession solennelle des hauteurs de la montagne Sainte-Geneviève jusqu’à Saint-Denis après avoir emprunté la rue Saint-Jacques. Arrivé sur le champ de foire, le recteur donnait la bénédiction puis visitait les boutiques des parcheminiers afin de prélever, en vertu d’un usage ancien, le parchemin nécessaire à l’université pendant l’année à venir.
L’œuvre de Jean-Joseph Weerts se présente sous la forme de deux immenses toiles marouflées, de dimensions équivalentes (3,10 x 8,60 m), consacrées pour l’une à la Foire aux parchemins (à gauche), pour l’autre au Cortège des étudiants (à droite).
Commandée en 1894 par l’administration des Beaux-arts, elle ne sera achevée et installée sous les arcades de la cour d’honneur que dix ans plus tard, à l’issue d’un long travail de préparation et d’exécution imposé par les dimensions de la composition autant que par les nécessités de la reconstitution historique : en bon peintre d’histoire, Weerts s’est appliqué à représenter les personnages dans les costumes et les attitudes de leur époque en s’appuyant sur une documentation érudite. Le prix final de l’œuvre fut très élevé (40 000 francs). Dans le domaine de la peinture décorative, elle figure au rang des commandes les plus onéreuses passées dans le cadre du chantier de la nouvelle Sorbonne, avec le Bois sacré de Pierre Puvis de Chavannes, réalisé pour le grand amphithéâtre et les toiles de François Flameng et Théobald Chartran, décorant l’escalier d’honneur. Composée beaucoup plus tardivement (vers 1920), une seule autre peinture de Weerts prendra place sur les murs de la Sorbonne : Pour l’humanité, pour la patrie, pour la France, soldat de Dieu (3,85 x 2,40 m), installée dans la chapelle.
Par son style : si l’on excepte la manière de Pierre Puvis de Chavannes dont le symbolisme épuré et les tonalités douces contribuent dans les années 1880 à un incontestable renouvellement de la peinture murale et quelques audaces plus tardives dues notamment à Hélène Dufau, la plupart des artistes chargés de décorer la Sorbonne de Nénot se sont montrés peu sensibles à l’évolution des arts en dehors de la peinture dite officielle : aux côtés de François Flameng, de Théobald Chartran ou encore de Jean-Paul Laurens dont les peintures décorent la salle de lecture de la bibliothèque, Weerts appartient résolument à cette famille d’artistes garants du savoir-faire académique et respectueux de la tradition et des enseignements reçus à l’École des Beaux-arts.
Par son thème : portrait collectif de l’ancienne université de Paris, représentée à l’époque de son épanouissement et de son plus grand rayonnement international, l’œuvre de Weerts est porteuse d’une vision majestueuse et idéalisée de l’université médiévale, forte de ses privilèges et riche d’hommes et de traditions ; le visiteur est invité à mettre en regard de cette grandeur passée la renaissance de l’institution universitaire au tournant du XXe siècle.
Il y a 800 ans naissait l’université de Paris...
Statuts de l’université de Paris datant de 1215, chartes, sceaux, armoiries, registres, manuscrits sur parchemin issus du fonds des Archives de l’université de Paris.
L’université de Paris reçut ses premiers statuts au mois d’août 1215, date traditionnellement considérée comme celle de sa fondation. A l’occasion de cet anniversaire ont été exposés 21 documents, issus notamment du fonds des Archives de l’université de Paris : chartes marquant différentes étapes du processus de transformation de la communauté des maîtres et étudiants parisiens en institution autonome, dont les fameux statuts de 1215, documents portant les symboles d’identification dont s’est progressivement dotée l’institution universitaire (sceaux, armoiries), registres témoignant de la vie délibérative des quatre "nations" (France, Angleterre, Picardie, Normandie) sur lesquelles a reposé son organisation jusqu’à la Révolution, manuscrits sur parchemin illustrant l’enseignement dispensé dans les quatre facultés parisiennes (Arts, Théologie, Décret et Médecine) aux XIIIe et XIVe siècles.
Une invitation à faire escale dans des contrées mythiques ou fantasmées, à travers une sélection d’atlas et de cartes des XVIe et XVIIe siècles.
Conçue en étroite collaboration avec deux enseignants-chercheurs (Gilles Palsky et Fabrice Argounès), de l’Unité mixte de recherche Géographie-Cités (CNRS-UMR 8504), Equipe E.H.GO (Épistémologie et Histoire de la Géographie), cette exposition faisait écho au thème retenu pour la 26e édition du Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges, organisée du 2 au 4 octobre 2015 : Les Territoires de l’Imaginaire, Utopie, Représentation et Prospective. De l’île d’Utopie au Paradis terrestre, de l’Eldorado au royaume du prêtre Jean, en passant par les nombreuses îles fantômes de l’Atlantique-Nord, le continent austral ou encore le pôle Nord longtemps représentés sans avoir jamais été atteints, elle invitait le visiteur à faire escale dans quelques-unes de ces contrées mythiques ou fantasmées, à travers une sélection d’atlas et de cartes des XVIe et XVIIe siècles (11 pièces exposées).
Année de commémoration du tricentenaire de la mort de Louis XIV (1638-1715), 2015 a été l’occasion de se souvenir que l’art de la gravure avait connu une sorte d’âge d’or sous le long règne de ce dernier. Longtemps négligée par les rois de France qui n’ont pas immédiatement perçu le parti à tirer de son pouvoir d’expression, l’estampe devient, sous l’impulsion de Colbert, un instrument à part entière de la propagande royale, notamment stimulé par la fondation du Cabinet du Roi. La bibliothèque de la Sorbonne conserve, en particulier dans le fonds Victor-Cousin, de luxueux livres de fêtes, des recueils thématiques de gravures sorties des presses de l’Imprimerie royale ainsi que des pièces isolées, emblématiques de la période. Les 12 œuvres exposées, auxquelles ont collaboré les artistes contemporains les plus habiles (Robert Nanteuil, François Chauveau, Jean Marot, Israël Sylvestre, Sébastien Le Clerc, les frères Edelinck…), témoignent à la fois de l’essor de la gravure d’interprétation et de l’évolution des techniques qui caractérisent l’époque.
Josse Bade, imprimeur humaniste
L’un des imprimeurs les plus importants de la première moitié du XVIe siècle.
Organisée à la faveur du colloque Le carrefour culturel parisien au tournant de 1500 (19-20 mars 2015), la seconde exposition de l’année 2015 a été consacrée à Josse Bade, l’un des imprimeurs les plus importants de la première moitié du XVIe siècle, tant par le nombre impressionnant d’éditions qu’il a contribué à imprimer que par son œuvre personnelle (commentaires, annotations, épîtres dédicatoires et poèmes…).
Les éditions badiennes conservées dans les collections patrimoniales de la bibliothèque forment un ensemble conséquent de près de 150 titres. En concertation avec les organisateurs du colloque (Olivier Millet professeur de littérature française de la Renaissance à l’Université Paris-Sorbonne Paris IV et Luigi-Alberto Sanchi, chercheur à l’Institut d’histoire du droit - UMR 7184), ainsi qu’avec Louise Katz, auteure d’une thèse récente sur Josse Bade, 26 d’entre elles ont été sélectionnées afin d’illustrer chronologiquement la carrière de Josse Bade et les différentes facettes de son activité, ses relations avec les grandes figures intellectuelles de l’époque et son rôle dans la diffusion de leurs œuvres, ses partenariats commerciaux avec d’autres imprimeurs-libraires on encore l’évolution de son matériel typographique.
Le Japon et la mer : une cartographie asiatique
Une sélection de cartes japonaises du XIXe siècle.
Préparée en collaboration avec deux enseignants-chercheurs (Fabrice Argounès, chercheur en Géographie, Centre Emile Durkheim, UMR 5116 ; Pierre Singaravélou, maître de conférence en Histoire contemporaine), cette exposition s’est attachée à illustrer la richesse et les spécificités de la tradition cartographique nippone à travers une sélection de 10 documents, composée majoritairement de cartes japonaises du XIXe siècle, conservées sous la cote RLPX. Elle a ainsi contribué à révéler l’intérêt des fonds cartographiques de la bibliothèque de la Sorbonne dans un de ses aspects les plus originaux et méconnus.
L’Université de Paris à l’heure de la Libération
Une série de documents issus du fonds des Archives administratives modernes de la bibliothèque.
À l’unisson des nombreuses manifestations organisées pour commémorer l’événement, la bibliothèque a choisi de consacrer sa dernière exposition de l’année 2014 à la Libération. La plupart des 40 documents présentés ont été extraits du fonds des Archives administratives modernes de la bibliothèque. Directeur de la bibliothèque de la Sorbonne de 1939 à 1952, Jean Bonnerot a réuni, dans plusieurs registres, des éléments de correspondance administrative, émis ou reçus, des extraits du Journal officiel mais aussi des tracts, des affiches de propagande, des coupures de journaux, des cartons d’invitation à diverses manifestations ou encore des photographies, collectés par ses soins, tout au long des années de guerre.
Bernardin de Saint-Pierre, dont on commémorait, en 2014, le bicentenaire de la mort, a été le sujet de la deuxième exposition de la bibliothèque. Celle-ci a réuni 23 pièces, autour du manuscrit autographe du roman Paul et Virginie conservé dans le fonds Victor-Cousin (MSVC 3= 8), qui en constituait la pièce maîtresse :
plusieurs éditions originales des œuvres de l’auteur (la bibliothèque détient un exemplaire de la quasi-totalité d’entre elles) ;
un atlas de Rigobert Bonne et plusieurs volumes d’un recueil de botanique de la première moitié du XIXe siècle, en accompagnement du Voyage à l’Isle de France... ;
plusieurs éditions des Études de la nature, dont la bibliothèque conserve de nombreuses éditions, réimpressions ou contrefaçons de la fin du XVIIIe siècle, illustrant le succès de cette œuvre à l’époque de sa parution ;
une sélection d’éditions illustrées de Paul et Virginie, parues au XIXe siècle.
Cette première exposition a consisté à présenter, sur une plus longue durée, la sélection de manuscrits médiévaux montrée à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle bibliothèque le 20 janvier 2014. Autour des premiers statuts de l’Université de Paris, 8 manuscrits, parmi les plus richement enluminés de la collection, ont pris place dans la vitrine, illustrant l’évolution des décors peints du XIIe siècle au XVe siècle.