Double exposition :
« "Nés pour te connaître, pour te nommer - Liberté" : hommage à Annie et Jean Dalsace - Un don fait à la BIS en 2023 » (espace d’exposition au 1er étage de la BIS)
« Le surréalisme 1920-1940 » (salle Jacqueline-de-Romilly)
20 janvier 2024 – 27 mars 2024
=> Si vous ne faites pas partie des lecteurs de la BIS, inscription obligatoire auprès de : communication[at]bis-sorbonne.fr
Exposition organisée par le Département des manuscrits et des livres anciens (DMLA) et l’Atelier de conservation-restauration de la BIS
Un ensemble d’éditions originales d’Éluard et de Max Jacob vient de nous être donné par les petits-enfants de Jean Dalsace (1893-1970) et d’Annie Bernheim-Dalsace (1896- 1968). La BIS se reconnaît privilégiée d’avoir compté parmi les institutions publiques à bénéficier de leurs dons, et a souhaité rendre hommage à leur générosité par cette exposition. Celle-ci souhaite d’une part donner à voir le rapport qu’Éluard a entretenu avec les arts visuels dans la présentation de son œuvre poétique, et d’autre part évoquer les personnalités de ce couple engagé dans leur époque et passionné de création.
Éluard et ses éditions illustrées par ses ami.e.s peintres
« Aucun poète de ce siècle », a dit Jean-Charles Gateau, « n’a eu comme Éluard l’amour de la peinture… Peindre était à ses yeux l’activité exemplaire par excellence, la plus noble de toutes ». Ses publications de poésie furent souvent le fruit de créations menées de concert avec ses ami.e.s artistes, une forme de collaboration plus intime que celles qu’il mena avec Minotaure, la revue qu’il lança en 1933 avec Breton, Duchamp et Tériade, ou avec Voir, l’exposition qu’il organisa en 1948. Simples frontispices formant un portail d’entrée dans sa poésie (ici Max Ernst, Picasso, De Chirico, Magritte), ou créations dialoguant avec son texte (Oscar Dominguez, Chagall, Valentine Hugo, Françoise Gilot), ses livres témoignent de « son ambition de parler avec [la peinture], dans la grande fraternité des inventeurs » (Gateau). Les Dalsace avaient noué une longue amitié avec Éluard, et l’on retrouve sur plusieurs de leurs livres sa célèbre signature graphique. La BIS ne possédait pas de recueil d’Éluard antérieur à 1933, avant l’entrée du don Dalsace.
Max Jacob
La bibliothèque des Dalsace comptait aussi 4 éditions originales de Max Jacob. Ils avaient également acquis les quatre Cahiers Max Jacob qui furent publiés après sa disparition dans les camps en 1944 par ses amis désirant mettre au jour ses inédits. Avec le don Dalsace, la BIS fait entrer dans ses collections trois recueils de Max Jacob imprimés de son vivant.
Le Docteur Jean Dalsace et Annie Bernheim-Dalsace
Il n’est pas aisé de rendre compte en peu de mots de l’activité du docteur Jean Dalsace, gynécologue qui mit sa réputation internationale au service du droit à l’avortement. Membre du Parti communiste de 1920 à 1956, important résistant, on le compte aussi parmi les signataires du Manifeste des 121 contre le service militaire et la torture en Algérie. Son épouse Annie et lui entretinrent des relations amicales avec de nombreux artistes de l’entre-deux-guerres, peintres (Max Ernst, Braque, Lurçat), sculpteurs (Lipchitz), musiciens (Milhaud, Poulenc), et commandèrent à leur ami l’architecte Pierre Chareau la Maison de verre de la rue Saint-Guillaume, aujourd’hui classée monument historique. Leur foyer fut ainsi un exemple d’art total, où les œuvres de leurs amis prenaient place au milieu de l’espace dessiné et meublé par Chareau. La bibliothèque occupait une place d’honneur dans le salon sur double niveau. Les éditions d’Éluard et de Max Jacob qui forment le don fait par leurs cinq petits-enfants à la BIS ne sont qu’un exemple parmi d’autres de leur intérêt pour la littérature, notamment contemporaine, et la poésie.
Exposition organisée par le Département du développement des collections (DDC), avec l’aide de la chargée de collections de langues et littératures
En écho à l’exposition Du DMLA, une exposition intitulée " Le surréalisme 1920-1940 " est mise en place en salle Jacqueline de Romilly. Reflet des collections de la BIS, l’exposition vous propose de partir à la découverte des figures du surréalisme à travers une sélection d’œuvres qui aborde la diversité de la production littéraire de ce mouvement.
Exposition d’art contemporain
L’ŒIL DU CHEVREUIL
SETXU XIRAU ROIG
UN CABIROL A LA SORBONNE La BIS accueille une exposition de l’artiste catalan Setxu Xirau Roig, déjà exposée au MNAC (Musée national d’art de Catalogne). Dernière étape d’un tryptique où l’œil du chevreuil s’est exercé à se découvrir lui-même, puis à découvrir l’art et les musées, l’animal s’ouvre enfin au monde de la culture et du savoir. Les photographies de l’artiste sont habituellement associées à une installation, comme ce fut le cas lors de la présentation de cette exposition au Centre d’études catalanes (Sorbonne Université) au printemps dernier. Si cette installation n’a pu être reproduite à la BIS pour des raisons de sécurité, les 10 photographies, prises en Sorbonne et à la bibliothèque à l’été 2022, sont accompagnées d’une vidéo performance de l’artiste, mettant en scène son modèle dans les principaux lieux de prise de vues.
L’exposition est accessible aux personnes non inscrites sur réservation auprès de communication[at]bis-sorbonne.fr
"L’animal, à l’Université ou dans tout autre temple de l’étude, a été traditionnellement exhibé, analysé, happé même dans la littérature d’un tableau. Le voilà qui reprend ses droits, ne serait-ce que l’instant d’une fantasmagorie. Certaines fantaisies virales pendant la pandémie nous évoquaient un triomphe sentimental et kitsch de la nature. Mais, avec Setxu Xirau Roig, pas de complaisance ni de rhétorique, pas de spectacle ni de scénarii sensationnalistes. Il a réussi, par contre, à créer un authentique "faux réel" qui se situe, peut-être, dans la lignée d’un certain imaginaire surréaliste et de sa capacité pour nous troubler profondément.
Nous sommes captivés par la présence fragile et fugitive de l’animal, en même temps étrange et naturelle. Tout en étant absolument improbable, la situation photographiée a quelque chose de serein, une naturalité qui s’impose à nous, sans pathos romantique. Nous sommes regardés par le chevreuil, être timide mais qui ne semble pas impressionné par notre présence, même indifférent à elle. Son apparition montre une dignité très particulière. Il peut se dresser sur la table, geste perturbateur par excellence dans le milieu académique. Il peut aussi simplement traverser l’espace, comme s’il explorait son domaine. Il faut noter qu’il se dégage un silence très particulier dans cette situation. On peut anticiper les claquements des sabots sur le bois ou la pierre. Mais tout reste suspendu pendant un instant. Quelque chose nous échappe. La Sorbonne est vide, monumentale et noble, mais inhabitée. Elle n’est pas pourtant morte, au contraire. Sa beauté et sa mémoire sont évoquées en négatif, grâce à la présence vivifiante de l’animal.
Artiste baroque, aux installations complexes et tissées de références historiques, Setxu Xirau Roig sait aussi les bénéfices et l’efficacité du simple. Si les images de cette série du Chevreuil sont raffinées et subtiles formellement, elles se basent en une juxtaposition primaire entre dualités : animal / humain, culturel / naturel, vivant / historique... Setxu Xirau Roig met en place un art qui interroge, qui s’adresse à nous avec une intelligence calme. Il se dérobe à l’impatience de notre regard voyeuriste contemporain et nous offre la possibilité de croiser un inattendu qui nous désarme."
Alex Mitrani, commissaire de l’exposition, conservateur au MNAC