À la rentrée de septembre 2024
- « Encore les femmes ! », va-t-on dire. - « La BIS succombe à la mode. » - « Peut-on entendre parler d’autre chose ? » Et pourtant. La reconstitution du matrimoine écrit, entamée depuis quelques années, n’est pas terminée. Les découvertes d’autrices deviennent plus rares peut-être, mais l’étude de leurs productions reste encore largement à faire. Or une bibliothèque aussi riche et aussi ancienne que la BIS – on peut estimer à 200 000 le nombre de nos titres antérieurs au 20e siècle – a un rôle à jouer en remettant sous le regard du public ces textes retrouvés. C’est le but que se fixe une série de trois expositions, dont celle-ci est la première, en espérant susciter la curiosité à leur égard.
Quelle place faite aux femmes dans les collections de la bibliothèque ? La bibliothèque de l’université de Paris, ouverte au public en décembre 1770, a longtemps été conçue par des hommes pour des hommes. Ce n’est qu’un siècle plus tard qu’elle a dû commencer à accueillir quelques rares femmes parmi ses lecteurs – et encore cinquante ans après qu’une femme, Germaine Rouillard (1888-1946), y fut nommée bibliothécaire. C’est dire que le regard féminin porté sur les collections de la bibliothèque s’est fait longtemps attendre. Nous avons donc choisi de centrer le propos sur la période antérieure, pour laquelle la production féminine est aussi nettement moins connue, celle du16e au19e siècle : il est encore rare alors pour les femmes de disposer de l’éducation nécessaire à l’écriture et plus encore de publier, a fortiori sous leur nom propre. Les recherches récentes sur le matrimoine nous ont guidées pour repérer des autrices - les catalogues ne permettant pas la recherche par genre– ainsi que la sérendipité du butinage, dernière ressource et éternel plaisir des bibliothécaires…
Les champs couverts par Matrimoine I Matrimoine I présente des femmes ayant écrit, et en général publié, dans les domaines suivants :
Le résultat des explorations est plus riche qu’on n’aurait pu a priori l’attendre d’un fonds documentaire longtemps fondé sur des corpus d’auteurs classiques, auxquels s’agrégeaient les auteurs secondaires évoluant au sein des institutions universitaires - ce qui excluait les femmes. Certaines, très rares, avaient réussi à se tailler une place dans le premier cercle, parfois dès leur époque comme Anne Dacier ou Germaine de Staël. Cela ne suffit pas toutefois à garantir leur entrée dans les collections de la BIS, et on constate des manques : pas d’édition ancienne d’Olympe de Gouges par exemple. Noms connus et obscurs s’y mêlent. Les Françaises n’y sont pas forcément les plus nombreuses : il est parfois plus facile de reconnaître l’intérêt d’une publication lorsque l’attrait de l’étranger concourt à faire oublier les préjugés s’attachant aux écrits féminins. Les textes sont acquis parfois plus tard de façon rétrospective ou grâce à des collectionneurs, comme Victor Cousin qui étudie plusieurs femmes célèbres du 17e siècle. Enfin, de récentes acquisitions ont permis d’enrichir cette partie des collections (Julie Daubié, Clémence Royer, Victorine de Chastenay).
Liste des documents présentés à venir.
=> Si vous ne faites pas partie des lecteurs de la BIS, inscription obligatoire auprès de : communication[at]bis-sorbonne.fr
Du 25 avril jusqu’au 17 juillet 2024
Nous accueillons également, dans le couloir Saint-Jacques, une exposition de l’UFR de philosophie et de la Mission Égalité et lutte contre les discriminations de Sorbonne Université : Femmes philosophes de l’Antiquité à 1850. Il s’agit de 34 portraits de femmes, dessinés à l’encre par Aziza El Kasri.
Plus d’informations ici : https://www.sorbonne-universite.fr/evenements/femmes-philosophes-de-lantiquite-1850