Cent ans après la signature de l’armistice de 1918 et alors que les commémorations du centenaire touchent à leur fin, la BIS expose un fonds exceptionnel de cartes postales de la Première Guerre mondiale. Issu de la collection Parent de Curzon, ce fonds fait l’objet d’un projet de recherche et de valorisation porté par l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le Centre d’histoire du XIXe siècle, l’IDHES et la BIS. La Bibliothèque se propose ainsi de présenter à ses lecteurs un échantillon des quelques 1200 cartes qu’elle a acquises en 2017.
Omniprésentes pendant la Grande guerre, les cartes postales constituent un véritable enjeu de société et s’imposent comme un médium de premier plan. L’envoi de dizaines de milliers de cartes postales par des millions de soldats et de civils occasionne de nouvelles pratiques. Du simple moyen de communication au front comme à l’arrière, elles deviennent même un objet de collection qui va jusqu’à rivaliser avec le timbre, en particulier chez les jeunes filles. Cet apogée de la carte postale va de pair avec le succès de la satire, considérée comme un outil de propagande efficace et transversal dont l’usage en temps de guerre explose. Les cartes ne sont d’ailleurs touchées que tardivement par la censure, à partir de 1915.
Les thèmes des illustrations patriotiques et satiriques sont souvent issus d’un imaginaire de guerre qui réemploie sans cesse les mêmes motifs pour susciter le rire ou l’adhésion : l’ennemi est grossièrement caricaturé en monstre, en animal, en pleutre ; les poilus et les alliés sont héroïsés et les combats idéalisés. Des artistes célèbres comme Abel Faivre, Francisque Poulbot, Tel, Hansi, Scott ou encore Lucien Laforge sont sollicités par les éditeurs. Des amateurs s’adonnent également à la confection de cartes postales et entretiennent par leur biais des correspondances soutenues.
Malgré le format standardisé de la carte postale (environ 9x14cm), les procédés de création sont très divers : chromolithographies, gravures fines, montages photographiques, cartes à systèmes physiques ou optiques, coloriages au pochoir, trucages chimiques, gravures sur bois, sur cuir ou sur métal, cartes brodées en soie ou en dentelle, aquarelles… Ces procédés demeurent toutefois mal documentés, et l’on connaît mieux les illustrations.
En questionnant la place des cartes postales dans la « culture de guerre », cette exposition s’intéresse aux représentations du conflit dans les illustrations et les caricatures, mais aussi aux pratiques épistolaires et cartophiles, qui occupent une place primordiale pendant le premier conflit mondial.
Commissariat scientifique : Bertrand Tillier, IDHES, professeur d’histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Partenaires institutionnels : Laboratoire IDHES et CRH XIX